Le Temple protestant de Saumur est projet maillage mission Bern 2020 pour le Maine-et-Loire
A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue le lundi 31 août dernier, la liste des 101 projets de maillage Mission Stéphane Bern 2020 ont été dévoilés. Le projet de maillage pour le Maine-et-Loire est le Temple protestant de Saumur. Il bénéficiera d’un soutien financier de la Mission Stéphane Bern via la Fondation du patrimoine, grâce aux jeux Mission Patrimoine 2020 de FDJ, qui viendra s’ajouter aux subventions du ministère de la Culture pour les édifices protégés au titre des monuments historiques, ainsi qu’aux dons et mécénats collectés.
Le projet
Ce Temple est unique dans le département, tant pour son histoire que pour son architecture. Le Temple est un édifice emblématique d’un pan d’histoire de Saumur. Le siècle de la réforme est une grande époque historique de la collectivité. Oppressés par l’Église locale nombre de notables et gens du peuple se convertissent à l’église réformée. Considérée au début du XVIIe siècle comme la capitale politique du protestantisme, la ville traversera douloureusement la période où se sont entremêlées les guerres de religion et les guerres du royaume.
Un peu d'histoire
Si la ville de Saumur, devient à partir de 1589 une place forte du protestantisme suite au rapprochement entre le roi Henri III et Henri de Navarre, le lieu dédié au culte à connu bien des tourments.
D’abord célébré presque confidentiellement dans le logis du gouverneur de la ville, Philippe Duplessis-Mornay, le culte est ensuite pratiqué dans un bâtiment prés du prieuré de Saint-Florent-du-Château. En 1590, cet édifice est détruit lors des travaux d’aménagement de la citadelle.
Un temple est alors édifié avec les deniers personnels du couple Duplessis-Mornay, sur un terrain proche du centre-ville. Inauguré en Mars 1593 par le Roi Henri IV, il est rasé en 1685 suite à l’interdiction de la pratique du protestantisme.
En 1802 le Concordat autorise à nouveau le culte protestant en France. La communauté protestante saumuroise qui s’est reformée grâce à l’aide des Anglais d’Anjou, confie à Charles Joly-Leterme, l’architecte de la ville, la construction d’un nouveau Temple. Inspiré des anciens temples grecs, il se dresse dés la fin juin 1844 à quelques mètres de l’ancien temple. L’intérieur de l’édifice est achevé 10 ans plus tard. Comme il est de règle dans la théologie protestante, il est d’une grande sobriété.
En juin 1940, le Temple est ravagé par les bombardements sur la ville. Faute de moyens, les réparations entreprises ne restitueront pas les dispositions initiales de l’édifice, et notamment la baie vitrée en forme de croix du pignon est. Cette façade jouxte la place William PENN, étudiant à l’Académie protestante de Saumur en 1662 et 1663, dont les actes et l’idéal pacifiste inspireront toutes les démocraties modernes et notamment en France la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Les travaux
Outre l’état d’encrassement et de desquamation général des maçonneries en pierre de Tuffeau, pierre caractéristique du Val de Loire, l’édifice souffre de désordres importants de ses superstructures, liés à des malfaçons de conception et/ou lors de précédentes restaurations.
La triangulation des fermes de la charpente et l’assemblage de ses éléments sont inadéquates et ne correspondent pas aux plans de construction réalisés par à Charles Joly-Leterme.
Les chevrons ont fléchi et portent difficilement la couverture. Les renforts occasionnent un poids supplémentaire sur les arbalétriers et les entraits de ferme qui supportent intégralement le poids du plancher et des verrières. Les échantignolles des pannes intermédiaires sont souvent instables, mal fixées voire inexistantes.
Cette charge trop importante a engendré un fléchissement des poutres provoquant l’arrachement des contre-fiches et des poinçons de fermes, ainsi que la fissuration des maçonneries d’arases des murs gouttereaux au droit des abouts d’entraits (fissures dans la nef).
La couverture n’est plus totalement étanche et la couvertine en plomb du faîtage est vétuste et déformée par endroits. Les puits de lumière sont très dégradés et les rosaces sont cassées par endroits. Des morceaux de plâtre et des éléments des vitraux tombent dans les filets de protection. Les descentes d’eaux pluviales anarchiques ou absentes, contribuent à la prolifération des mousses et lichens qui colonisent l’ensemble, et accentuent la desquamation des maçonneries des façades.
Plusieurs fissures importantes du mur en façade nord sont apparentes. Les pieds de façade sont très altérés par l’humidité. Les fers d’armature des maçonneries du fronton sont oxydés. Les maçonneries sous le porche et celles des frises d’entablement sont cassées et plusieurs têtes de lion des gargouilles sont manquantes.
Une étude de diagnostic diligentée par la DRAC des Pays de la Loire en 2013 a classé le Monument dans les urgences absolues pour sa préservation.
La Mission patrimoine de Stéphane Bern
Pour la troisième année consécutive, la Fondation du patrimoine et le ministère de la Culture ont apporté leur assistance à Stéphane Bern dans le cadre de la « Mission patrimoine », pour identifier des éléments de patrimoine en péril et proposer des pistes de financements innovantes.
Cette année encore, les projets de restauration portent sur du patrimoine en péril, c’est-à-dire des biens dont l’intégrité patrimoniale est menacée pour différentes raisons : état de dégradation avancé, déshérence, manque de ressources financières du propriétaire ou encore isolement géographique.
Les Jeux Mission Patrimoine
Les projets seront notamment financés grâce à l’offre de jeux Mission Patrimoine de FDJ, en fonction du résultat des ventes. FDJ propose dès le 31 août une nouvelle édition d’un ticket à gratter à 15€ décliné en 3 versions. Pour chaque ticket vendu, qui permettra aux joueurs de remporter jusqu’à 1.5 million d’euros, 1.76€ sera reversé à la Fondation du patrimoine.
Cette offre est complétée cette année par 5 tirages du Loto dédiés, organisés le 9, 12, 14,16 et 19 septembre 2020, dont le jackpot s’élèvera à 2 millions d’euros minimum. Pour chaque grille de 2.20€, 0.54€ sera reversé à la Fondation du patrimoine.
La collecte de dons
Le 4 décembre dernier, la ville de Saumur, l’association cultuelle de l’église réformée de Saumur et la Fondation du patrimoine ont lancé une collecte de dons afin de mobiliser le mécénat en faveur de la restauration du Temple de Saumur.
Cette appel aux dons concerne la première tranche de travaux qui concerne le renforcement de la charpente et des murs d’arases, ainsi que la restauration des verrières de la nef et de la couverture avec la restitution des chéneaux du temple de Saumur. Le coût estimatif des travaux s’élève à 420 000€ HT. Ces travaux permettront d’assurer la pérennité du bâtiment. L’objectif de la collecte est fixé à 30 000€. Cet appel au mécénat populaire s’adresse à tous : aux amoureux du patrimoine, aux habitants de Saumur et à tous les adhérents de l’association cultuelle de l’église protestante réformée de Saumur.